Du rapport Sauvé sur les crimes pédophiles au sein de l’Eglise catholique au rapport Stora sur la guerre d’Algérie et la colonisation, la recherche de transparence sur les aspects les plus sombres de notre histoire implique un important travail de reconnaissance des faits et de réparation. Aussi, elle nous place dans une logique d’engagement citoyen.
Le rapport Sauvé, publié le 5 octobre dernier, nous a révélé que près de 3000 hommes, prêtres ou religieux, ont agressé sexuellement plus de 330 000 victimes depuis les années 50, soit 6% de l’ensemble des victimes d’actes pédophiles de la population française. Ainsi, dans une paroisse, le risque pour un enfant d’être victime d’actes pédophiles est en moyenne de 0,82% alors qu’il est de 0,3% dans les milieux des colonies de vacances ou dans les internats de l’école publique.
L’institution a exprimé sa volonté de reconnaître ses erreurs et ses échecs, mais elle doit au plus vite les réparer et se remettre en question en profondeur par une indemnisation financière conséquente des victimes, un encadrement du droit au secret lors de la confession et une remise en question de la formation des prêtres.
Les Nanterriens de confession catholique sont particulièrement heurtés par l’ampleur de ces révélations et c’est tous ensemble, avec notamment les acteurs éducatifs locaux, que nous devons nous réunir pour mettre en place des garde-fous suffisamment dissuasifs pour que de telles mécaniques ne puissent plus se reproduire dans aucun lieu sur le territoire de notre république.
C’est avec la même volonté de transparence que nous devons tirer toutes les conséquences du rapport Stora en constituant une commission Mémoire et Vérité entre la France et l’Algérie. Cette commission devra faire toute la lumière sur les crimes commis à l’occasion du 17 octobre 1961, à l’égard de dizaines d’hommes et de femmes, dont de nombreux Nanterriens, suite à la manifestation contre l’interdiction du couvre-feu ciblant les citoyens de confession musulmane. Ces actes constituent incontestablement des crimes d’Etat, impliquant toute la chaîne de commandement et nous appelons, aux côtés des 11 maires ayant lancé un appel lors du 60ème anniversaire du 17 octobre, à leur reconnaissance officielle. Le Président de la République a accompli un pas en avant en évoquant des crimes inexcusables, mais cela ne reflète pas le niveau des responsabilités engagées et l’ampleur du drame.
Face à ces traumatismes profonds, transmis de génération en génération, cette quête de vérité menée à son terme et l’accomplissement de ce devoir de mémoire n’effaceront pas toutes les fractures et toutes les plaies, mais ils contribueront à en soigner certaines, atténuant ainsi progressivement la rupture de confiance avec nos institutions et redonnant à tous les citoyens éloignés de la vie publique locale l’envie de voter et de s’impliquer collectivement pour construire ensemble le monde de demain, éclairé par un patrimoine mémoriel consolidé et des outils d’émancipation adaptés aux enjeux.