Nanterre s’apprête à signer avec l’Etat un protocole d’accord pour engager la transformation des Groues, territoire de 70 hectares situé au nord de la préfecture.
Il deviendra ainsi notre 11ème quartier et accueillera près de 12.000 habitants et presque autant de salariés. Ce sera l’occasion, comme pour le projet Seine-Arche, de disposer des moyens nécessaires pour engager la transformation d’autres quartiers de la ville, notamment celui du Parc Sud.
Avec près de 4.500 nouveaux logements, il doit s’agir aussi pour la ville d’infléchir la tendance de densification outrancière propre à l’agglomération parisienne, de répondre à une partie des demande des logements et de retravailler les projets dans le reste de la ville pour qu’ils soient beaucoup plus qualitatifs.
Cette opportunité ne doit pas cacher les enjeux du quartier des Groues. Dans les années 70, pour répondre à la crise du logement, l’Etat avait projeté sur notre ville de grands quartiers, sans concertation avec les habitants. De ces projets sont nés le Parc Nord et Sud, le Chemin-de-l’Ile, le quartier Université. Ces quartiers ont tous connus leurs erreurs, qu’il faut aujourd’hui presque 40 ans plus tard reprendre à grands frais, au nom de la même crise du logement ! Aujourd’hui, nous ne pouvons plus faire les mêmes erreurs qui reproduiront les mêmes effets.
Le temps des aménageurs, comme l’EPADESA, est celui du bilan financier : les acquisitions, les coûts des équipements publics comme les voies ou les écoles, doivent être compensés par la cession de mètres carrés. Dès lors, pour eux, il convient d’aller vite pour rembourser les sommes engagés et d’avoir des projets toujours plus denses avec des immeubles toujours plus hauts et des logements toujours plus chers. Les Groues ne doivent pas se résumer à une équation financière court-termiste.
L’Etat, propriétaire de la moitié de la surface des Groues via la SNCF, a promis de baisser le prix du terrain. Mais d’autres questions restent en suspens : quel financement pour les logements sociaux, dont les aides sont systématiquement bloquées par le Conseil Départemental? Quel financement pour la construction des équipements publics ? Quels fonds peuvent être apportés pour faire de ce quartier une vitrine exemplaire du développement durable, pas seulement dans les mots mais bien dans les actes ? Aujourd’hui, nous ne disposons encore d’aucune réponse à ces questions.
La démarche du mouvement Cittaslow, « ville lente », prône un retour à la lenteur par une transformation des comportements individuels et collectifs visant à favoriser le développement durable, les productions et les savoir-faire locaux ainsi que la convivialité. Ce temps long n’est pas celui des aménageurs ; c’est celui de la ville, et c’est celui qui a donné les quartiers les plus agréables à vivre. Comme le dit Jacqueline Fraysse, « on ne fait bien que ce que l’on fait ensemble« . Pour les Groues, il est donc urgent de prendre notre temps pour réaliser ce nouveau quartier de notre ville.