NE PAS SE CONTENTER DE RUSTINES POUR REUSSIR LA TRANSITION ECOLOGIQUE !
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NE PAS SE CONTENTER DE RUSTINES POUR REUSSIR LA TRANSITION ECOLOGIQUE !

L’actualité des dernières semaines a été marquée par des débats aussi techniques que passionnés sur la conciliation des exigences de justice sociale avec une fiscalité écologique ambitieuse. Nous sommes sensibles au fait que la fiscalité verte pèse davantage en proportion sur les ménages les plus pauvres, les plus isolés et tenus à des déplacements contraints. Il est pertinent d’instaurer des mécanismes de correction des inégalités avec des outils tel que les chèques énergie, ou super-prime à la conversion, mais ce ne sont là que des rustines quand il s’agit plutôt de changer la chambre à air !

En effet, les variations des prix à la pompe sont principalement liées à une variation à la hausse des prix du pétrole et à une fluctuation défavorable de la parité euro/ dollar. Nous devons sortir de cette dépendance au pétrole et au carbone, d’autant que certaines études annoncent une pénurie de pétrole pour les prochaines années avec pour corollaire une nouvelle envolée des prix. Et si cette épreuve pour le porte-monnaie des citoyens devait in fine être surmontée par une accélération de la transition écologique, nous y trouverions sur le long terme un élément de satisfaction. Nous y gagnerions en terme de qualité de l’air – la pollution est à l’origine de 40 000 décès par an en France-, de qualité des échanges humains et de qualité de vie.

Aussi, face à l’urgence climatique, nous devons faire une entorse à la sacro-sainte règle comptable de non affectation des dépenses et flécher l’intégralité des recettes issues de la fiscalité verte vers des investissements orientés vers la transition écologique (seuls 20% des 37 ,7 milliards d’euros de recettes attendues de la TICPE en 2019 sont affectés à la transition écologique). La fiscalité verte ne doit plus être une variable d’ajustement de l’équilibre du budget général de l’Etat, sinon elle perd toute légitimité. Au contraire, elle doit être orientée vers investissement massif pour développer les mobilités durables, à commencer par le train et le vélo. Les recherches menées sur les moteurs à hydrogène et électriques doivent être accélérées et nous sommes particulièrement convaincus du potentiel de l’huile de genoux ! N’oublions pas non plus le potentiel prometteur de la voiture au GNV, alimentée en bio-gaz, à condition que la production de gaz augmente et que l’on mette en place un traitement efficace des biodéchets.

Egalement, nous gagnons à réfléchir sur le sens de chacun de nos déplacements (en 40 ans, les déplacements en voiture ont doublé)  et les limiter quand cela est possible. Dans ce contexte, le développement du télé-travail va dans la bonne direction.

Enfin, le principe du pollueur-payeur a vocation à s’appliquer prioritairement et sans concession à l’encontre des groupes pétroliers tels que Total dont les investissements dans l’exploration de nouveaux gisements au large de la Guyane sont incompatibles avec les objectifs de la COP 21. Nous devons continuer à les mettre face à leurs obligations.

Rappelons au passage que seuls 16 Etats ont remplis leurs engagements pris lors de la COP 21 dont aucun pays de l’Union Européenne. La France a émis l’année dernière 6,5% de CO2 en plus que ce qu’elle s’était engagée. Il est temps d’agir !

Parce qu’il n’y a pas d’écologie sans écologistes

Dominique Debras