ENTRETIEN AVEC MANUEL DEVILLERS, RESPONSABLE DE L’ASSOCIATION “LES AMIS DES MÔMES AILLAUD”
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« Il faut éviter la tentation, chez certains peut-être, de tout lâcher, de perdre l’envie de se surpasser parfois, et au contraire accrocher notamment ceux qui auraient tendance au décrochage, ce qui marche pour certains grâce à la confiance établie déjà auparavant avec les tuteurs !

L’apport de bénévoles désireux de s’investir durablement dans le quartier du Parc Sud et les dons de matériel sont toujours bienvenus

Des financements additionnels nous permettraient de consolider la base salariée de notre équipe »

 

  1. Quelles actions mènes-tu avec l’association « Les amis des Mômes Aillaud » ?

Avec une équipe de 2 salariés et une douzaine d’intervenants bénévoles, nous accompagnons des jeunes individuellement ou en groupe dans leur scolarité, du primaire au lycée.

Nous proposons également des activités de loisirs éducatifs, sorties pédagogiques ou ateliers sur place le mercredi – théâtre, arts plastiques, journal… – ou encore, le samedi, jardin partagé à côté de l’école Maxime-Gorki, avec des associations et habitants du quartier.

Nous organisons également des ateliers socio-linguistiques et cours d’alphabétisation, à destination d’adultes d’origine étrangère, parmi lesquels d’ailleurs des parents de jeunes de l’accompagnement scolaire

 

  1. Quelles difficultés spécifiques  as-tu ou avez-vous rencontrées depuis le début du confinement ?

Il a fallu d’abord prendre le temps de faire le point de la situation des jeunes, voir où ils en étaient de leurs apprentissages au moment de la fermeture des établissements scolaires, ce qui était mis en place par les enseignants pour assurer la continuité des cours, les moyens et supports à partir desquels ils allaient travailler. Tout cela a demandé un peu de temps pour s’organiser, surtout dans la durée !

Pour la plupart des élèves, la continuité a pu être assurée sans problème, les animateurs, salariés ou bénévoles, connaissant suffisamment leurs « protégés » pour que le suivi dans le confinement se mette assez naturellement en place. Il faut cependant veiller à ce que des jeunes ne se mettent pas en retrait ou ne soient pas laissés de côté, pour des raisons de temps ou de problèmes techniques par exemple. Cela pour une durée par définition incertaine, mais dont les effets se font forcément sentir déjà, avec un besoin bien normal de décompresser, notamment maintenant avec les vacances ! Il faut éviter la tentation, chez certains peut-être, de tout lâcher, de perdre l’envie de se surpasser parfois, et au contraire accrocher notamment ceux qui auraient tendance au décrochage, ce qui marche pour certains grâce à la confiance établie déjà auparavant avec les tuteurs !

Mais il y a bien sûr des tâtonnements pour parvenir à atteindre tout le monde, lié au fait, également, que tous n’ont pas les mêmes conditions de travail au sein de leur famille. Tout dépend aussi de l’implication ou simplement la compréhension des parents, avec lesquels nos animateurs s’efforcent de maintenir un lien tout au long de l’année. Il y a aussi les conditions matérielles, le nombre de personnes dans les appartements et les possibilités ou non de travailler au calme, et bien sûr l’équipement technique, en ordinateurs et la connexion Internet.

Concernant les cours de français pour adultes, nous avons fait le choix de les suspendre au moins dans un premier temps, les conditions d’un bon suivi à distance étant plus complexes s’agissant de cours collectifs, puisqu’une seule animatrice s’adresse à tout un groupe veille parallèlement, en temps normal, à ajuster son propos en fonction des capacités de compréhension de chacun.

 

 

  1. De quels soutiens as-tu ou avez-vous bénéficié pendant cette période ?

Tout d’abord, ce que relèvent avec satisfaction les animateurs de l’association, c’est le très bon investissement des enseignants, qui ont fait en général le maximum pour que les élèves ne quittent pas l’établissement sans rien, mais avec des cours et du travail préparé et qu’ils aient les moyens de joindre régulièrement leurs élèves par téléphone et les différents supports électroniques disponibles.

Les services de la mairie, ensuite, donnent régulièrement des informations sur les propositions d’aide qu’ils peuvent centraliser, et notamment en matière de prêt de matériel informatique, comme des tablettes, assuré entre autres par des directeurs d’école. Et, bonne surprise complémentaire, à cette même occasion nous avons appris que l’un de ces directeurs se proposait aussi de faire du suivi à distance avec des élèves qui en auraient besoin. Nous ne pouvons que saluer ces initiatives !

 

  1. Comment pourrait-on faire plus ? 

La tentation serait de dire qu’il nous faudrait plus de bénévoles pour remplir tous les créneaux, nous avons une liste d’attente d’une année scolaire pour cerytains types d’accompagnement. Mais nous voulons malgré tout privilégier la qualité du suivi plutôt que la quantité.

 

Le développement du quartier passe par une scolarité solide et bien vécue. Aussi des citoyens attachés au Parc Sud, désireux de suivre dans la durée des jeunes et d’intégrer une équipe engagée, sont-ils les bienvenus. Nos bénévoles représentent différentes catégories professionnelles, certains plus orientés sur les disciplines scientifiques, d’autres sur les matières littéraires ou linguistiques, plus prêts à prendre en charge des élèves du primaire ou aptes à suivre des collégiens ou lycéens.

 

Nous sommes situés au rez-de-chaussée de  la tour 151 avenue Picasso et on peut nous contacter en remplissant un formulaire en ligne  http://www.mome-aillaud.com/contact/contact.html

 

Ce qu’il nous faudrait en fait surtout, c’est le financement pour retrouver une troisième salariée que nous avons perdue pour mieux assurer la charge permanente que représente notre fonctionnement. Cela nous permettrait de mieux gérer l’ensemble de l’équipe et d’accompagner tous les jeunes qui viennent d’eux-mêmes à nous, par le bouche-à-oreille. 

 

5) Quels enseignements retiens-tu de cette période et quel message souhaites-tu faire passer aux habitants / élus ?

 

D’abord, que notre société a des ressources pour s’organiser dans la solidarité avec une certaine efficacité, que beaucoup de gens sont prêts à s’impliquer au-delà de ce que leur assigne leur fonction première.

Ensuite, la conviction qu’une association comme la nôtre a un rôle essentiel , car nous sommes un point d’appui qui permet aux jeunes de continuer à progresser, à se motiver et à donner un sens à ce qu’ils apprennent à l’école. Chaque tuteur mène son accompagnement à sa façon, en s’adaptant à l’élève, les bonnes habitudes et la confiance instaurée en période normale atténuant les difficultés de la situation actuelle.

Le confinement que nous vivons nous montre aussi que le contact direct est important. En temps ordinaire nous rencontrons non seulement les parents qui peuvent aussi nous faire part de questions ou difficultés d’un autre ordre que la seule scolarité des jeunes, mais encore les divers partenaires que nous avons au sein des autres associations du quartier ou institutions culturelles, et ces échanges, pour l’instant à l’arrêt, font partie aussi de la vie des Amis de Môme Aillaud. Des élus viennent aussi parfois nous rencontrer et se rendent ainsi compte sur le terrain de ce qui se vit et se joue ici !