Besoin d’art ! Comme un cri dans la tourmente du monde
Il ne vient pas à l’idée à priori que l’art soit un besoin. Pour autant les actions de diffusion et de pratique artistiques réalisées à l’hôpital dans le cadre de la Convention nationale Culture et Santé ont mis en lumière la réalité du besoin d’art.
Le besoin d’art apparaît dans son rapport à la vie. L’art constitue le noyau essentiel de la vie de l’artiste, sa raison d’être et son mode de devenir. Cependant, l’artiste ne trouve pas la plénitude dans la seule création artistique, il faut que celle-ci puisse se faire don à l’autre, l’imprégner de son essence, faire rayonner son énergie. Cela présuppose chez autrui la possibilité de l’accueil du don, un manque ou un besoin à combler.
L’épreuve de la maladie, du handicap, de la vieillesse et de l’exclusion, que l’on retrouve en milieu hospitalier, met en exergue ce besoin comme le besoin de soi. Il se caractérise par le sentiment de manque, de vide existentiel, que nous éprouvons tous et par la recherche d’un plus être pour rétablir l’équilibre. La personne hospitalisée éprouve ce besoin avec d’autant plus d’intensité que sa condition accroît le sentiment de dépossession de soi et d’impuissance face à ce qui aliène la vie de son corps et de son esprit.
L’équilibre se fait spontanément, sans possibilité de simulation aucune, au cours du moment artistique, dans le courant qui s’établit entre l’artiste et la personne hospitalisée, en un mouvement de don et de contre-don. Toutes les personnes présentes se rejoignent dans l’expérience immédiate de la joie que procure l’œuvre d’art vivante, au-delà de la souffrance et du plaisir. La joie véhicule une énergie unificatrice, de lien avec soi et avec autrui, qui apporte l’apaisement aux désillusions, aux chagrins, à une déchirure intérieure. Elle redonne le goût de vivre.
L’expérience de l’art à l’hôpital confirme le pouvoir de l’art à toucher chacun naturellement, en résonance avec ce qu’il y a en lui d’universel et de singulier. Cette vérité peut se rapporter à l’expérience du peintre Kandinsky. Il ressentait intérieurement la charge vibratoire et subjective de l’œuvre artistique. Ce sont pour lui les vibrations de l’âme, les tonalités affectives de notre subjectivité profonde.
La musique, de tous les arts – littérature, poésie, théâtre, arts plastiques, danse – est l’art dont le pouvoir d’expression est le plus puissant. La musique exprime nos sentiments, immédiatement, sans se référer à aucun monde et sans le biais d’aucune représentation. Une même musique représente la totalité des situations que nous pouvons vivre, elle exprime notre vie affective dans sa généralité la plus profonde, et parce qu’elle parle au cœur, elle peut convenir à de multiples épisodes de notre vie.
C’est au cœur de chacun que veut parler le festival PIANO/CASH.
Michèle Chang / CASH de Nanterre 2011
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LE CALENDRIER
JANVIER 2015
Mardi 20 à 14h30 Trio Talweg
Sébastien Surel (violon), Eric-Maria Couturier (violoncelle), Juliana Steinbach (piano)